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/ LES GENS

04 juillet 2006

 

 Saïd Taghmaoui, l’âge de raison…


 

Propos recueillis par Agathe Turquois

 

Depuis « La haine » de Mathieu Kassovitz, il s’en est passé du temps et des tournages pour Saïd Taghmaoui qui n’a cessé de gravir les marches du septième art, se faisant un nom dans les plus hautes sphères du cinéma international, jusqu’à s’ouvrir les portes de Hollywood. Mais le subtil comédien qu’il est, ne se lance pas pour autant dans un rôle à légère. Pour lui, il est indispensable de se positionner de par ses choix. D’abord à l’aide de la boxe, puis au travers du cinéma, Saïd a appris à canaliser son énergie débordante. Hyperactif, il croit aux vertus de la respiration, et c’est bien là, la qualité fondamentale d’un comédien : Savoir respirer un texte, c’est lui donner vie ! Plus qu’une passion, le cinéma est pour lui une rédemption. De lectures en lectures, l’acteur n’a eu de cesse d’apprendre et de se cultiver, jusqu’à devenir l’érudit qu’il est dans de vastes domaines. Car pour Saïd Taghmaoui : « le drame de l’humanité ça n’est pas la misère, mais bien l’ignorance ». Présent à Marrakech dans le cadre du tournage de l’émission « Une nuit à Marrakech », élégamment vêtu d’un costume cravate, le bel éphèbe au regard ténébreux présentait aux côtés de Patrick Bruel « Ô Jérusalem », un film initiatique, comme il les aime… A 33 ans, Saïd Taghmaoui est arrivé à maturité, alors il ne lui reste plus qu’à rencontrer élue de son cœur, pour mettre en œuvre ses projets de famille -qu’il souhaite nombreuse- aux reflets de la sienne qu’il compare à l’arc en ciel. Parce que l’amour, avec tout ce qu’il comporte de complicité et de complexité, se partage en plusieurs périodes, plusieurs couleurs, comme la palette d’un peintre ou celle d’un arc en ciel… S’il a tourné aux côtés de femmes merveilleuses comme Angelina Jolie, Kate Winslet et Charlize Théron -qu’il trouve diaboliquement belle de par sa pudeur et sa force- Saïd aime les femmes dignes, courageuses et combattantes : Des qualités qui lui ressemble…

 

A.T. : Vous avez tourné plusieurs fois au Maroc, notamment pour Ali Zaoua de Nabil Ayouch mais aussi Marrakech Express -la sublime adaptation du livre d’Esther Freud- puis plus récemment, celle du roman de Mohamed Choukri, Le pain nu sorti en avant première l’été dernier, pendant le Festival de Casablanca… Que s’est-il passé pour vous depuis ?

S.T. : J’essaie de mettre du beurre et de confiture sur le pain… (Rires) Trêve de plaisanterie… Ce soir, avec Patrick Bruel, nous sommes venus présenter « Ô Jérusalem », le dernier film d’Elie Chouraqui. Un film sur la paix, dont la sortie est prévue en octobre prochain. L’histoire -adaptée d’un livre de Lapierre et Collins qui s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires- relate ce qui s’est passé en 1948, lors de la bataille de Jérusalem, quand les anglais quittaient la Palestine. Un film charter, porteur de messages essentiels.

 

A.T. : Depuis plusieurs semaines, vous présentez  « Cinéma du monde » sur Canal + cinéma, de quoi s’agit-il ?

S.T. : C’est une émission sur le cinéma international. Un samedi sur deux, nous projetons un film d’auteur parmi les meilleurs. Il s’agit de films inédits à la télévision, d’œuvres récompensées lors de grands prix mais qui n’ont pas automatiquement reçu l’engouement du public. Des films à redécouvrir, réalisés par de grands cinéastes… Des perles venues d’Asie, d’Amérique du Nord, d’Europe…

 

A.T : C’est la première fois que vous présentez une émission télévisée…

Oui, c’est ma première expérience en tant que présentateur, mais dans un registre qui m’est propre. Et je m’éclate parce que je découvre plein de trucs. Cela m’oblige à revoir les films, à les étudier… J’apprends à écrire la critique, à présenter l’émission… C’est une école, et c’est aussi une façon de rendre au cinéma ce qu’il m’a apporté. Le fait même de relativiser ses propres convictions, c’est fascinant, cela amène tellement de choses.

 

A.T. : Vous n’aimez pas parler de palmarès et pour vous, comme pour Jean Cocteau : « les prix c’est comme les punitions, quand on en reçoit, c’est que l’on s’est fait trop voir »… Pourtant, vous venez de recevoir un trophée remarquable…

S.T. : Oui, en Egypte, j’ai gagné un prix extraordinaire : « La Pyramide d’or ». Celui de meilleur acteur arabe, remis des mains d’Omar Sharif pendant le Festival du Caire. J’étais très ému.

 

A.T. : Où en êtes-vous de la campagne de prévention routière que vous avez entamée l’année dernière au Maroc ?

La campagne continue… Avec le Centre National de Prévention des Accidents de la Route, sous la jonction du ministre des transports et de l’équipement, Karim Gellab, nous venons de réaliser un spot pour fêter le premier anniversaire de la campagne et pérenniser notre engagement. On s’investit toujours autant, mais on commence à entrevoir des résultats sur les routes. Les gens font plus attention, concernant la ceinture, le casque… On commence à parler de permis à points et plusieurs mesures sont en train d’être mises en place.

 

A.T. : Quels sont vos projets à venir ?

S.T. : Je vais démarrer le tournage d’un film avec Canal +, sur le terrible thème du Jihad. Un projet très intéressant de par la façon dont il aborde le sujet. Et ça me fait très plaisir car il s’agit encore d’un thème qui me tient à cœur. Le film essaie d’apporter un peu de lumière sur le processus d’endoctrinement. Pour essayer de comprendre surtout, même si ça ne veut pas dire accepter. Félix Olivier, le réalisateur de « Last Night Bodega » est issu du documentaire. Il témoigne d’une véritable volonté d’aller au plus profond du réalisme.

 

 

A suivre, Joudia, une petite graine qui monte !
 

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