Claude Challe : un
grain de folie contagieux !
Par Agathe Turquois
A l’occasion de la sortie du premier
numéro de Marrakech People, Claude Challe nous ouvre exceptionnellement les
portes de son univers spirituel. Après avoir bourlingué à travers le monde, le
précurseur de la Lounge Music a posé quelques bagages dans la ville rouge.
Depuis Think Pink, un film avec Audrey Hepburn, il voit la vie en rose
bollywodien. Rencontre autour d’un thé à la menthe dont il raffole, sur la
terrasse ensoleillée qui abrite son jacuzzi.
Adepte du Maroc et amoureux de Marrakech
depuis plus de vingt ans, Claude a choisi, il y a bientôt trois ans, d’y
aménager un charmant pied à terre perché dans le quartier de l’Hivernage. Et,
bien que le profil de la ville soit quelque peu modifié par les grues et les
constructions qui foisonnent, de sa terrasse privilégiée on peut encore
apercevoir quelques espaces verts d’exception. Si l’explosion de Marrakech
semble économiquement bénéfique pour la population, Claude pense -tout comme bon
nombre de Marrakchi- qu’il ne faudrait pas que ces évolutions dénaturent la
célèbre cité impériale et nous rappelle de ne jamais oublier les valeurs de ceux
qui la peuplent. Car, s’il a choisi de s’installer dans l’envoûtante ville
rouge, ce n’est pas tant pour sa lumière et ses parfums que pour sa population.
Ce qu’il apprécie par-dessus tout « c’est de vivre au quotidien ce sourire,
cette gentillesse, cette hospitalité, cette douceur… » qui caractérisent
Marrakech El Hamra. Une ville où le contact humain existe encore et où l’on n’a
pas l’impression de n’être qu’un numéro. Sur sa carte de résident, sa profession
-qui s’en réfère à l’acquisition d’une propriété agricole du côté des Jbilettes-
est déclarée en français comme « propriétaire agriculteur » qui se traduit en
arabe par « malik ». Mais l’ironie du sort en a décidé autrement et
Claude se voit perçu par les autorités marocaines comme « malek » : un accent de
travers et le voilà devenu « ange ». Néanmoins, si Claude est loin d’être un
saint, toutes ses folies il les réalisa dans un seul objectif : le partage !
Rencontres singulières
Né prématurément, couvé par sa mère d’une
affection débordante, Claude Chalom Ben Chahoul Benayoun a hérité de son père
–qui s’est vu mettre en bière de son vivant- une certaine joie de vivre et une
bougeotte irréfrénable. Une énergie d’enfer qu’il cultive par une sieste
quotidienne vers 19 h. Car s’il semble parfois un peu exubérant, pour sûr,
Claude ne fait rien comme tout le monde. Tout d’abord, véritable oiseau de nuit,
il ne se lève guère avant midi pour se coucher aux aurores. Et tout son
programme journalier s’en voit ainsi décalé. De son père, tailleur, il tient
aussi le goût des belles tenues qu’il aime assortir à de belles chaussures et à
un couvre-chef : rares sont les fois où Claude sort tête nue. Précurseur du
vintage, notre « hippy chic » aime chiner l’objet rare. Ce qui fait d’ailleurs
la particularité de sa recherche musicale. Mais, si la musique a toujours rythmé
sa vie, notre mélomane sera d’abord coiffeur. Puis, naturellement -après une
période hippie dont il gardera la philosophie- de rencontres en rencontres, il
fit les beaux jours des plus grands repères à « beautifull people » comme les
Bains Douches, fréquentant d’illustres personnalités comme Coluche
avec lequel il pêcha « le gros » en Guadeloupe, Jack Nicholson qui lui
emprunta le rire de son joker et Robert de Niro qui aurait aimé
jouer son rôle. Mais la rencontre la plus émouvante de sa vie restera celle du
Dalaï-lama. Tout au long de sa route, « Loukoum » -surnom datant de son
époque soixante-huitarde- n’a eu de cesse de partager son amour de la vie, de la
danse et de l’autre, tentant de transmettre son message de paix à chacun : un « peace
and love » ou un « salam alikoum !» Car notre « Chall’om » est un humaniste.
Comme il le raconte dans le final utopique de son livre « Party de vie »,
il rêve d’écoles où l’on inculquerait aux enfants l’art de vivre en paix. D’un
monde où, comme dans un couple, chacun s’efforcerait de comprendre l’autre. Et
ses amis de plus de trente ans le savent bien, à l’instar de Marcel Chiche,
propriétaire du Comptoir Darna. Son fidèle acolyte marrakchi qu’il
qualifie de courageux, tenace, prudent et rigoureux : « Quand moi, je
m’emballe, lui réfléchit ! Il prend son temps et digère ; moi, c’est tout le
contraire… » Leur amitié se fonde sur deux points essentiels : se battre
contre l’injustice et faire en sorte que le monde deviennent plus heureux, du
moins pour leurs enfants. Attaché tout comme Claudio au respect des vraies
valeurs –celles de la famille- Marcel est un homme de vérité « plein d’humour
vis-à-vis de la vie et de lui-même ; vertu des gens intelligents, dont tout le
reste découle ». Ainsi, la qualité humaine que notre grand rêveur privilégie
par-dessus tout, c’est l’intelligence du cœur. De même, ce qui l’émeut chez une
femme, c’est sa grandeur d’âme et sa disponibilité. Orientaliste, jusqu’au bout
de la nuit, Claudio aime les femmes débordantes de tendresses, à l’image de sa
mère. Des femmes pleines de talents cachés, sachant cultiver leur féminité. Et
depuis plus d’un an c’est en Loulou, Loubna, qu’il a trouvé sa « compagnone ».
Énergie débordante
Du
« Buddha Bar » à son « Best Of », après quinze compilations toutes aussi
voluptueuses que précieuses, le créateur de la Lounge Music –morceaux
d’anthologie chinés aux quatre coins de la planète- parcourt toujours le monde
pour transmettre sa lover dose d’amour et ses bonnes vibes, à tous ceux qui
l’entourent. Depuis la sortie de son livre, en mars dernier, Claude ne s’est pas
arrêté. Après une tournée en Asie, il s’est posé quelques semaines à Marrakech
notamment pour la promotion de « Khamsa », l’album du Grand orchestre du
Comptoir qu’il a pris sous son label Chall’OMusic. De retour à Paris,
il s’atèle à la sortie le 16 mai de Magic Marrakech, le premier d’une
série de Dvd très lounge, réalisé par le trésor de sa vie, sa
fille Calypso. De sublimissimes images sur la bande sonore extatique de
« Khamsa ». Puis il enchaînera avec le premier album de son frère Jean-Marc
Challe, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau tant par sa frimousse à
caractère jovial et généreux, que par la qualité de sa musique. Just good
music est une compilation conçue comme un programme radio de rêve, très
varié et très pointu. Un coffret de trois CD « Just Girl, Just vibe » et « Just
Dance ». A entendre notre maestro, « Just Vibe » est à s’en dilater les papilles
auditives. Mais s’il a toute la jouissance de pouvoir s’en délecter, il nous
faudra attendre le mois de juin pour le trouver dans les bacs. En
attendant, le Best of de Claude Challe est un pur moment de bonheur, et
pour ce qui l’en est des instants les plus croustillants de sa vie, nous nous en
remettrons à « Party de vie », qui témoigne d’une véritable liberté de l’être. |