Julio do Brasil
Propos recueillis par notre envoyé spécial
Ludovic Sébastien
Les habitués du Zèbre, quai Pierre Scize, se sont
demandés toute cette année ce qu’était devenu son
propriétaire fondateur, le sexy Julien Delzeux.
Disparition à la Docteur Godart, refus de payer
les pensions alimentaires de ses nombreuses
femmes… qu’est-ce qui a poussé ce futur roi de la
nuit lyonnaise à quitter les quais de Saône ? La
cause de ce départ est à chercher du côté de la
météo, tout simplement : c’est donc à 10 000 kms
de Lyon, que nous avons retrouvé Julien. S’il n’a
pas prévu de changer de sexe, il est devenu en
quelques mois un autre homme, désormais, on
l’appelle Julio do Brasil.
Ludovic Sébastien : Comment as-tu décidé de partir
au Brésil ?
Julio do Brasil : La
raison de mon départ au Brésil c’est la
conjugaison de deux éléments clé: l’adoration du
pays, que je connaissais bien après plusieurs
voyages ici ; et les gens très ouverts et
accueillants, ce qui change du comportement de
certains lyonnais. Le climat aussi m’a poussé à
partir, je ne peux plus supporter les hivers qui
durent six mois avec des pointes à moins 5
degrés... Mais plus que tout, je voulais
absolument vivre une expérience hors du commun, à
l’étranger. De ce côté-là, je ne suis pas déçu !
Sao Paulo a la réputation d’être la ville la plus
laide du monde, c’est justifié ?
La ville n’est pas
aussi effrayante qu’elle en a l’air. J’ai
l’habitude de décrire Sao Paulo comme une banlieue
française de 20 millions d’habitants, mais
finalement quand on connaît de l’ intérieur ce
western urbain, on s’aperçoit qu’ il existe plein
de quartiers sympas, chacun avec ses propres
caractéristiques, ses propres traditions, ça peut
même avoir un certain charme.
Le danger de mort à chaque coin de rue, c’est
charmant aussi…
L’aspect violent
de la ville existe, c’est vrai, et il ne faut
jamais l’oublier afin d’ éviter les imprudences,
mais je ne l’ai jamais vécu personnellement. Le
plus pesant, à mon sens, c’est le côté paranoïaque
de la ville : tous ces gardes du corps, ces agents
de sécurité, cette police omniprésente et
effrayante, font que le climat est pesant à vivre
pour un français habitué à la tranquillité de
villes comme Lyon. Mais c’est en même temps cet
aspect chaotique et incertain qui m’attirait et
qui, quelque part, me plait dans cette ville.
Et dans le reste du pays, qu’est-ce que vous
aimez ?
Le Brésil est un pays
fascinant par sa dimension et sa diversité, et la
chose qui me plait le plus ici, c’ est l’immense
liberté que l’on ressent au quotidien. Savoir
qu’on peut voyager 4000 kms, en restant dans le
pays qui fait 16 fois la taille de la France.
Savoir aussi que tu vis dans un pays où il existe
des villes ultra développées type Sao Paulo, et en
même temps, tu as l’ Amazonie, le Pantanal, le
Nordeste avec ses....indiens!!! C’est fascinant.
Sans parler du sentiment de liberté que te donne
aussi tout cet aspect informel et même corrompu de
l’économie. Ici, il existe toujours une solution à
tout. On appelle ça le " jeito brasileiro".
A ce propos, vous n’avez pas choisi l’activité la
plus sûre, tenir un bar à Sao Paulo, ça a l’air
risqué…
C’est vrai que
propriétaire d’un bar de nuit, ça peut paraître
effrayant, mais je n’ai jamais été racketté, ni
même inquiété de quelque façon que ce soit. Je
reste évidemment très prudent, et je n’aurais
jamais ici le même comportement qu’à Lyon à
l’époque du Zèbre...
Il faut savoir que Sao
Paulo possède plus de 100 000 bars, restos, et
que la concurrence est énorme, plus que n’
importe où ailleurs. Et puis il est très difficile
de pénétrer ce milieu, de comprendre la clientèle,
qui est trois fois plus exigeante qu’en France.
Nous avons ouvert, " UBU bar de nuit " il y a
quatre mois, et ça fonctionne bien depuis un mois.
Il a fallu un peu de temps pour faire prendre
l’affaire et la rendre " a la mode". Ici plus
qu’ailleurs, le service doit être impeccable, les
cocktails parfaits, et la musique de qualité. Il n
y a pas de place pour l’improvisation que l’on
faisait parfois avec Manu au Zèbre. Toutes les
semaines nous organisons des soirées à thème et
nous faisons venir des DJ brésiliens en plus de
notre résident Greg, qui arrive de New-York, la
classe quand même !
Ca sent la fine équipe à plein nez… alors côté
séduction, comment ça se passe ?
Il y a plus de femmes
que d’hommes ici, et du coup les rapports de
séduction sont souvent inversés. C’est très
courant de se faire accrocher par une femme, mais
attention de ne pas tomber dans le piège.
Evidemment, Pietro, mon associé en a fait les
frais plusieurs fois !
Alors, si les Françaises ne vous manquent pas,
qu’est-ce qui vous rend parfois nostalgique ?
Le mal du pays
évidemment, et puis aussi mes amis et ma famille
qui me manquent souvent. Mais pour autant, je n’ai
pas l’intention de rentrer en France, je me sens
bien ici, notre affaire a l’air de tourner et je
peux aller à la plage tous les week-ends ! Cela
dit, je traverse l’Atlantique de temps en temps et
c’est dans ces occasions que je réalise que la
France est quand même un putain de beau pays, et
Lyon, une ville d’une beauté réellement
extraordinaire.
A suivre,
Fête de la dentelle à Crémieu
page suivante
|