Vous paraissez assez isolé sur le plan politique mais disposez encore
de rares amis qui supportent vos coups de gueule… Qui sont-ils ?
Il me reste les vrais. Les vrais copains.
C’est en leur compagnie que vous faites la fête, « une seconde peau ! »
selon eux. De la « Vieille Rhumerie » en compagnie de Marcel Rivière à
« Olé Bodega » de Jean-Paul Fangeat… vous avez essoré tous les bars de la
ville ! Quand vous n’êtes pas sur le billard ou accoudé à un comptoir,
quels sont vos autres hobbys ?
Moi, j’aime la poésie. Et pourtant je suis un scientifique ! J’ai écrit
beaucoup d’articles scientifiques, des livres à passer des nuits dessus -
le dernier est un énorme pavé de 1000 pages et il m’a fallu 5 ans pour
l’écrire - mais je pense que la poésie est l’un des meilleurs moyens
d’expression scienti-fique. Et je suis passionné par les origines de la vie
et ce n’est pas du tout snob. On ne sait pas d’où l’on vient, on ne sait
pas où l’on va et pour moi, ce sont des questions fondamentales sur
lesquelles je m’interroge, sans avoir de solutions plus intelligentes que
les autres… J’ai très envie de consacrer plus de temps à ce genre de
réflexions.
Merci, mais ça devient trop compliqué pour nous ! (rires)
Revenons à des considérations plus terre à terre… Vous êtes toujours
habillé en vrac, pour ne pas dire comme un sac !...
Vous êtes sympa, merci ! J’ai quand même des costumes, une chemise et une
cravate alors arrête ! Je n’ai pas de relookeuse !
Ce qui est sûr, c’est que le shopping ne fait pas partie de vos
passe-temps favori… En revanche, vous ne rechignez pas à vous déguiser
pour vous rendre à des mariages très huppés, comme celui d’Albertville
avec la Duchesse de Windsor en 1988…
(Rires) Comment tu sais ça ? C’est un souvenir heureux. C’est
Bernard Jozelleson qui se mariait ce jour là, divorcé, juif, avec la nièce
de la Duchesse de Windsor, tu vois le mélange… Bruno Gignoux s’est déguisé
en curé et moi en rabbin, voilà. On a fait un discours d’enfer et notre
copain était content qu’on fasse cette connerie. Il faut vous dire que sa
femme était enceinte et qu’on avait centré notre discours sur la
prévention des grossesses, c'est-à-dire la pilule, les machins, les
tapettes à rats. C’était très original.
Auriez-vous des talents cachés dans les arts plastiques ? On m’a
raconté que vous dessiniez les prostituées de la rue de Brest quand vous
étiez étudiant en médecine…
J’avais mis au point une forme d’expression que j’appelais la
géométrisation extrapolante. Et je suis sûr que c’est encore un truc qui a
du sens, c’est à dire qu’à partir… Tu prends un visage de femme, tu
extrapoles, c’est à dire tu prolonges, tu étires… Au bout d’un moment on
ne voit plus rien, on ne sait plus ce que c’est, on met les couleurs. Moi
je peignais à la fumée. Il n’y a pas beaucoup de types qui peignent à la
fumée. J’étais obligé de me mettre sous une table. Et quand je montrais
la succession de losanges, de triangles, de carrées, de rectangles, je
disais : « c’est quoi ça ? » et les types disaient : « c’est un visage de
vie, de fille, de vierge, de pute, tout ce que tu veux ».
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