Festival
International du Film de Marrakech :
Clap 5ème !
Photos ©
Brahim Taougar
Par Agathe Turquois
Initié par Feu Daniel Toscan du
Plantier en 2001, le Festival International du Film de Marrakech
déployait encore son tapis rouge, du 11 au 19 novembre dernier, pour
recevoir, au sein du Palais des congrès de l’envoûtante ville rouge, de
grands noms du septième art et faire de cette rencontre l’une des plus
prestigieuses du paysage cinématographique mondial.
Supervisée par Melita Toscan du
Plantier, directrice du festival, Bruno Barde, directeur
artistique et Nour-Eddine Saïl, directeur du Centre
Cinématographique Marocain, cette cinquième édition fut remarquable tant
par son organisation que pour la qualité et l’éclectisme des
réalisations sélectionnées. Des films drôles et sensibles, souvent engagés
et portés sur les réalités quotidiennes du monde moderne, comme - dixit
Daniel Day-Lewis, prix d’interprétation masculine : « un témoignage de
l’ouverture des cultures les unes sur les autres ».
Tout en hommages et en rétrospectives, ce festival récompensa deux
prodiges en ce domaine. Tout d’abord, lors de la cérémonie d’ouverture,
Martin Scorsese, invité d’honneur, recevait des mains de Catherine
Deneuve, un trophée couronnant l’ensemble de son œuvre, dont nombre de
films - comme Taxi Driver,
New York - New York et Casino – sont devenus de grands
classiques. Attaché au Maroc pour y avoir tourné à deux reprises La
dernière tentation du Christ en 1987 puis Kundun dix ans après,
ce monstre sacré remerciait les autorités marocaines pour leur aide
précieuse, facilitant les tournages. Quelques jours après, ce fut à son
tour de consacrer le réalisateur Iranien Abbas Kiarostami, ce poète
du grand écran pour qui : « Le cinéma, c’est regarder autour de soi et
prendre la vie au plus près, comme l’eau à la source ».
Pendant neuf jours, au total, 124 films
furent projetés dans toutes les salles de la ville, tandis que dans les
exhalaisons de brochettes, les projections nocturnes de
la Place Jamaâ el Fna
réunissaient chaque soir, plus de 1000 spectateurs.
L’Espagne, qui va bientôt célébrer
l’année du Maroc, était également à l’honneur. Un hommage fut rendu à ses
cinéastes pour leur créativité, toujours un peu décalée. Absent, Pedro
Almodovar fut joliment représenté par deux de ses actrices fétiches :
Rossy de Palma et Victoria Abril qui s’adonne désormais à la
Bossa Nova et présentait - entre les murs du Pacha, le plus célèbre Dance
Floor de Marrakech - des extraits de son premier album, Putcheros do
Brasil. Luz Casal, la voix chaleureuse et passionnée de
Piensa en Mi – la bande originale de Talons Aiguilles - se
produisait quant à elle, à Dar Soukar, lors du dîner de clôture.
Soirée à laquelle participait également Claude Challe, qui, bien
qu’un peu déçu de n’avoir pu projeter en avant-première son DVD Magic
Marrakech, n’allait pas manquer pour autant le festival de sa
villégiature de prédilection.
En effet - parce qu’un événement de
cette acabit ne s’inscrirait pas la lignée de ses grands frères sans le
côté strass et paillettes, très glamour, qu’il déploie - de nombreuses
soirées privées, très prisées, étaient organisées dans les lieux les plus
branchés de la ville, où les plus vernis se mêlaient aux noms les plus
illustres. Si deux grandes vedettes américaines, Sharon Stone et
Léonardo di Caprio, répondirent absentes à l’appel, plusieurs figures
emblématiques du cinéma français étaient présentes comme Sandrine
Bonnaire, Marie Gillain, Emma de Caunes, Olivier
Martinez, Gérard Jugnot ou encore José Garcia représentant à la
fois l’Espagne et la France.
Mais parce que c’est aussi une
compétition, sous la présidence de Jean-Jacques Annaud -
réalisateur français des mémorables Le nom de
la Rose,
L’amant et Sept ans au Tibet - le jury majoritairement
féminin, départageait 16 films d’horizons différents.
Sans surprise le Prix du Jury fut
attribué à Crazy, le film déjanté du réalisateur canadien
Jean-Marc Vallée. Accompagnée de son mari Vincent Cassel, très
attendue, la sulfureuse actrice italienne, Monica Bellucci,
fut incontestablement le bijou de ce festival, et remettait
l’étoile d’or de la ville ocre au réalisateur kirghize Ernest
Abdyshaparow pour Saratan, un scénario très émouvant.
Offrant une diversité de somptueux
décors, le Maroc tient une place importante dans le paysage audiovisuel
mondial. De nombreuses productions y sont tournées, à l’instar d’Alexandre,
le film historique d’Oliver Stone, ou de L’anniversaire de
Diane Kurys, dans un genre plus intimiste. Devenue l’un des
spots de la Jet Set internationale, il était légitime que Marrakech, la
mystérieuse cité impériale, devienne le théâtre d’un événement aussi
féerique que cette manifestation consacrée au septième art. Lors du dîner
d’ouverture qu’il présidait, Son Altesse Royale le prince Moulay Rachid,
déclarait : « la cinquième édition du F.I.F.M. arrive, fidèle au
rendez-vous, comme une rencontre amoureuse entre une ville magique et un
art consacré », il ne fait donc aucun doute qu’il en sera de même pour la
sixième édition de ce festival qui ne cesse de s’étoffer d’années en
années.
A suivre,
Golf au milieu des remparts
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