Vos toiles ont inspiré plusieurs
écrivains, poètes et philosophes, avec lesquels vous avez réalisé des
rencontres écrites que l’on retrouve notamment dans votre livre « Le
voyage de l’écriture »… Parlez-nous de ces rencontres…
J’ai toujours été friand d’échanges,
notamment avec des écrivains, et la chance m’a été donné de côtoyer les
plus grands. Ces rencontres ont démarré avec Michel Butor. Il avait vu
l’un de mes travaux -un petit dessin que j’avais offert au compositeur
Jean-Yves Bosseur- et voulait me rencontrer. Je lui ai rendu visite à Nice
et il m’a demandé de lui laissé un espace sur une toile. De là sont nées
les rencontres écrites. J’ai toujours aimé partager, échanger… Et
ces rencontres sont les échanges les plus extraordinaires de ma vie.
De tous ces moments, quels sont vos
meilleurs souvenirs ?
Elles ont toutes été merveilleuses... Il
y a eu des moments avec Octavio Paz… Il y a eu Tournier, Sollers, Derrida…
Il y a eu Senghor d’où est née une amitié très forte. Mais je n’ai pas
envie de privilégier qui que ce soit. Par exemple, j’ai partagé un moment
inoubliable avec Julien Gracq, même si je n’ai fait aucun travail avec
lui.
De rencontres en rencontres, vous
fréquentez la gente intelligentsia française et devenez l’ami de Dominique
de Villepin…
Nous nous sommes rencontrés dans un
avion entre Paris et New York, il y a environ 25 ans. Il m’a invité à
passer le week-end chez lui, m’a montré sa poésie qui m’a parlée… De là,
est né un livre, et depuis, une amitié qui dure.
Plusieurs de vos toiles ont péri dans
un incendie à Lyon en 1999. Cela doit être déchirant de voir une partie de
son œuvre partir en fumée…
Ma vie a été parsemée de moments de
renaissance. Je rené de mes cendres comme le phénix. Alors ce n’est pas un
malheur puisque ça m’a donné envie de travailler d’avantage.
Depuis toujours vous faites preuve
d’un grand dévouement pour votre patrie, qu’est-ce qui le stimule ?
C’est une passion que j’ai pour mon
pays. Un amour absolu pour mon Roi. Car sa majesté Mohamed VI mène le pays
vers la démocratie, la justice, la modernisation et la solidarité. J’ai
confiance en l’avenir du Maroc.
Votre activisme en faveur du Maroc
vous pousse à fonder le Cercle d’Amitié Franco Marocain en 1991…
Le cercle est né aux lendemains de la
sortie du livre de Gilles Perrault, Notre ami le roi. Pour répondre
à cette caricature, à ces calomnies qu’il a écrites sur le Maroc. Ce qui
ne veut pas dire que certaines choses n’existaient pas, mais elles ont été
poussées à l’extrême.
Comment voyez-vous le Maroc du XXIème
siècle ?
Je ne veux pas dire que la pauvreté n’y
existerait pas, mais je vois un Maroc plus solidaire. Je suis plus que
jamais confiant dans l’avenir de mon pays, dans sa propension à s’adapter…
A savoir garder aussi cette « exception marocaine » qui est le fait de la
tolérance, de l’acceptation des autres, et surtout de l’accueil. Car le
peuple marocain est particulièrement accueillant.
Aujourd’hui que votre notoriété n’est
plus à faire, avez-vous toujours la même soif de reconnaissance ?
Je n’ai qu’une seule soif : celle d’être
aimé. La reconnaissance, je l’ai déjà mais il faut la relativiser…
Peut-être que demain elle n’existera plus, mais l’amour, lui, restera.
Vous partagez votre vie entre Paris
et Casablanca, mais vous venez d’investir à Marrakech…
Oui, j’ai acheté une petite maison à
Marrakech parce que c’est une ville magique, certes, mais également parce
que j’ai ici la présence de plusieurs amis qui me sont chers.
A Paris, vous vous déplacez en vélo,
jusqu’à franchir ainsi les portes de l’Elysée…
Oui, je suis l’un des premiers à être
rentré à l’Elysée en vélo. Je me rendais à un dîner officiel… J’étais en
smoking, mais en vélo. Maintenant c’est devenu monnaie courante. Certains
proches collaborateurs du président se déplacent en vélo. C’est devenu un
must. Cela rend les déplacements et la ponctualité plus faciles.
J’arrive toujours en avance à mes rendez-vous, c’est un principe.
Vous avez obtenu plusieurs
décorations notamment, en France, La Légion d’honneur, l’insigne d’Officier
du Mérite et celle d’Officier des Arts et des Lettres… Et au
Maroc, celle d’Officier de l’Ordre du Trône remise par le roi, en
personne… Ca fait quelle impression ?
Je suis très fier et honoré d’avoir reçu
ces distinctions par les plus hautes autorités. C’est une reconnaissance
pour un travail accompli avec passion.
Vous m’avez dit lors de notre
première rencontre que depuis quelques années vous viviez dans un bonheur
absolu, quel est votre secret ?
Un
enthousiasme persistant, un bonheur accru… Mais je n’en dirais pas plus…
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