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04 juillet 2006



 Lolo Qui ? Lolo Quoi !

 

 Mehdi Qotbi, un artiste engagé

 

 Par Agathe Turquois
 Photos © Alexandre Mathieu


 

Frappé par la faveur de Dieu dès son enfance difficile, Mehdi Qotbi est un être profondément croyant, à qui la chance sourit. Comme des tapisseries murales, ses toiles minutieuses, où l’écriture orientale  est reine, reflètent les couleurs de ce merveilleux jardin d’Eden dans lequel l’homme est hôte. Ses tableaux, fruits d’une minutie pointilleuse allant jusqu’à saturation du support, représentent près d’un mois de labeur. Très impliqué dans la vie politique de son pays, Mehdi Qotbi est reçu dans les plus hautes sphères internationales, se voyant à maintes reprises médaillé. « Un esprit saint dans un corps sain » telle est la philosophie de cet homme, qui ne boit jamais d’alcool, se couche tôt pour se lever à l’aube et profiter de chaque instant de sa vie, qu’il compte finir le pinceau à la main mais le sourire aux lèvres…

 

Vous avez grandi à Takaddoum, un quartier populaire de Rabat… Quels sont vos souvenirs d’enfance ?

J’en ai très peu… La découverte de l’eau courante… Pouvoir prendre une douche… Car des bidonvilles, nous avons franchi quelques mètres pour être relogés dans une petite maison en dur. Une habitation sociale où nous avions deux chambres, une petite cour. C’était un émerveillement. L’électricité, aussi… J’ai également quelques souvenirs de course avec mes camarades. J’adorais courir. Nous faisions le tour du quartier, cela me permettait de m’échapper un peu de la pesanteur de mon environnement sociale.

 

Le culot qui vous caractérise, vous en usez d’abord en faveur de votre sœur auprès de Monsieur Mahjoubi Aherdane, alors ministre de la défense. Comment s’est déroulée cette rencontre ?

Le culot, c’est une nécessité pour survivre…J’ai toujours eu envie d’aller vers l’autre et cela n’a jamais changé. Au départ, c’était vital puis, par la suite, c’est devenu partie intégrante de ma personnalité. Je devais avoir 8 ou 9 ans, j’avais vu sa voiture et je l’ai attendu. Cela l’avait amusé. Ma sœur adoptive venait d’obtenir son diplôme de dactylo, mais ce dont j’avais vraiment envie, c’était d’être reconnu au sein ma famille, où j’étais quasi inexistant. Je me sentais un peu délaissé et j’avais envie d’attirer l’attention de mes parents.

 

Par la suite, ce même ministre vous fait intégrer l’école militaire de Kenitra…

Il m’avait demandé de venir le voir chez lui le lendemain, et par la suite, j’y suis allé assez régulièrement. Lors d’un défilé militaire à Rabat, j’avais vu les élèves du Lycée de Kenitra. Ces garçons de mon âge qui avaient des tenues impeccables, étaient admirablement sanglés. Cela allait dans mon cheminement qui était d’attirer l’attention, et quand je suis retourné voir Aherdane, je lui ai exprimé mon souhait de rentrer au Lycée militaire. Il m’a demandé de me présenter à son bureau. Comme j’étais dans un système scolaire arabisant, il fallait d’abord que j’apprenne le français et c’est sa secrétaire qui me l’a enseigné. Je voulais lui plaire alors j’ai mis les bouchées doubles.

 

Il s’agissait d’un Lycée très huppé, comment avez-vous vécu la situation ?

Je me trouvais en présence de fils de ministres et de hauts gradés militaires… Je découvrais ce qu’était la vraie cuisine, avec de vrais repas, matin, midi et soir… Et de la viande tous les jours… Au petit déjeuner nous avions des pains au chocolat, bien croustillants… C’était un autre monde qui s’ouvrait à moi. J’étais un peu perdu quand même… Ce n’était pas mon milieu mais c’était passionnant. Certains avaient des voitures avec chauffeurs qui venaient les chercher pour le week-end… Cependant, je ne voudrais pas échanger ma vie contre une autre, car tout ce que j’ai pu vivre, j’en connais sa valeur et cela m’a donné la force d’être plus proche de mes semblables.

 

Racontez nous ce fameux jour où vous découvrez votre raison d’être, la peinture…
L’établissement proposait plusieurs club. Les plus méritants des élèves avaient droit à l’escrime, au judo… Et les moins bons, dont je faisais partie, n’avaient d’autre alternative que le jardinage ou le scoutisme. J’ai opté pour le scoutisme pensant que ça me permettrait de sortir, car j’accumulais les punitions tous les week-end. Nous nous appelions Les tigres. En prenant possession de nos locaux, le sous lieutenant qui nous encadrait nous a demandé de décorer les murs, mettant pinceaux et couleurs à notre disposition. Comme personne n’osait les utiliser, et sans me rendre compte, je me suis précipité dessus et me suis mis à peindre. J’étais dans une sorte de transe, où de loin, j’entendais des « oh ! » et des « ah ! » qui m’ont fait revenir sur terre. J’ai reculé et là, j’ai découvert un tigre près à bondir. Ce tigre a bouleversé ma vie, ce fut le moteur du reste de mon existence.
 

 

Suite de l'interview